Les syndicats européens à l’heure du bilan
Pour son 78e congrès à Dunkerque, la FNSEA a organisé une table-ronde européenne des syndicats agricoles pour sa journée de clôture le 28 mars 2024. De quoi mieux comprendre l’état d’esprit des agriculteurs localement.
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Pour le troisième et dernier jour de son congrès annuel, la FNSEA a mis l’Europe à l’honneur en accueillant plusieurs représentants de syndicats agricoles le 28 mars 2024 à Dunkerque. Tous ont pu faire un retour d’expérience des différents mouvements de colères agricoles qui ont traversé leurs pays tout en relevant les similitudes.
Souvent, la frustration et la colère se sont installées progressivement avant d’éclater, comme l’explique Francie Gorman, leader de l’IFA, principal syndicat irlandais. « Les questions réglementaires et financières ont posé un problème. Mais ce qui a été déclencheur chez nous, ce sont la régulation de l’azote et la restauration de la nature. Ça, en plus d’un traitement médiatique de notre métier qui nous frustre », relate-t-il.
L’image renvoyée dans les médias des agriculteurs est également dans la liste de Massimiliano Giansanti, président du syndicat Confagricoltura, pour expliquer le mouvement en Italie. « Nous sommes les premiers amis de l’environnement pas les ennemis et nous avons été blessés par l’image renvoyée dans les médias, raconte le syndicaliste. Mais nous avons aussi été frappés dans notre orgueil par Bruxelles. »
L’Union européenne comme catalyseur
Car c’est l’autre point commun pour les responsables syndicaux présents, le ras-le-bol généré par la politique européenne sur le volet agricole. « Nous avons des personnes qui conseillent sur les politiques agricoles mais qui ne comprennent pas comment c’est ensuite appliqué sur nos fermes. Et ce sont les mêmes personnes qui doivent après trouver des solutions… », souffle Francie Gorman.
À distance pour évoquer la vision allemande, Joachim Rukwied, du syndicat DBV, abonde. « On met de plus en plus de pression sur les agriculteurs et les fermes. Il nous faut un budget plus important et une Pac qui prend en compte les pratiques agricoles. Et il faut de la collaboration entre nos syndicats, car ensemble nous pouvons obtenir beaucoup de choses », croit-il.
Son autre voisin néerlandais, Thij Rompelberg, ne dit pas mieux de l’Union européenne. « C’est une accumulation de frustrations. Il faut travailler davantage avec les agriculteurs. Regardez le pacte vert. Il y a beaucoup de vert mais pas vraiment de pacte », juge-t-il.
Une administration pas toujours bienveillante
Du côté belge, la présidente de la Fédération wallonne de l’agriculture (FWA), Marianne Steel, juge sévèrement certains organes de pouvoir et l’influence exercée par les ONG au sein même des administrations. « Nous avons des lobbyistes écologistes dans les ministères alors que sur certains sujets, les anciens membres du FWA ne sont même pas admis. Ils sont très forts. Négocier avec Greenpeace est difficile, ce sont des machines de guerre. On tente de ramener l’agronomie au centre des discussions mais nous sommes face à de l’idéologie », témoigne-t-elle.
Un problème que Francie Gorman connaît trop bien. « Nous avons accès à nos hommes et femmes politiques mais ce n’est pas la difficulté. La difficulté c’est qu’ils nous écoutent », conclut-il.
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